dimanche 8 février 2009

Trois petites notes de musiques...


Trois petites critiques de films, récents ou pas, que j'ai vu cette semaine:

Les Noces Rebelles, Sam Mendes (21 janvier 2009)
Avec: Leonardo Dicaprio, Kate Winslet

Je trouve Sam Mendes esthétisant au possible, les plans fait par le réalisateur dans la maison de ce couple (qui se croit unique alors qu'il est ancré dans une réalité commune à tous) clignotent ou sont surlignés en fluo "la maison est belle et bien rangée, spectateur tu dois comprendre qu'il s'agit là d'un mauvais signe, d'une apparence: le couple va mal !". Les deux comédiens sont formidables mais ils ne réussissent pas à sauver un mauvais scénario, creux et ennuyeux....

Les cadavres ne portent pas de costards, Carl Reiner (1982)
Avec: Steve Martin, Rachel Ward...

Bon, un ami qui connaît mon amour pour les films noir des années 60 (Casablanca, Le grand sommeil, Les enchaînés...) m'a prêté ce film de Carl Reiner et j'avoue que j'ai été très surprise... Soit donc un inspecteur bidon joué par Steve Martin qui est sollicité par une magnifique brune pour retrouver les assassins de son père, scientifique spécialisé dans le fromage... En réalité peu importe l'histoire, peu importe les personnages, le film est totalement basé sur des montages plus ou moins habile qui permettent à Carl Reiner de faire discuter ses héros avec Ingrid Bergman, Burt Lancaster, Bette Davis, Cary Grant... Le film est longuet mais si vous aimez les films noir, si vous êtes un fan de Humphrey Bogart demandez à un ami de vous le prêter !

Blade Runner, Ridley Scott (1982)
Avec: Harrison Ford, Sean Young, Rutger Hauer...

J'ai vu ce film lorsque j'avais dix ans, mais j'avais eu si peur, que depuis j'avais fait un blocage! Je l'ai donc re-découvert il y a trois jours et quelle bonne surprise! Certes c'est un classique qui n'a plus rien a prouver à personne mais tout de même j'insiste: des passages bluffants de beauté et de mélancolie (la mort de la répliquante dont le cirée transparent devient rouge de sang, les automates du savant, les pliages du flic...), des comédiens au top: Harrison Ford est (comme toujours) formidable, Darryl Hannah est terrifiante; un Los-Angeles détruit et surréaliste, des plans magnifiques, une BO nickel... Ridley Scott est (quand il s'applique) un grand réalisateur, c'est certain.

Le film de la semaine: Slumdog Millionaire, Danny Boyle




Slumdog Millionaire, Danny Boyle (sortie le 14 janvier 2009)
Avec Dev Patal, Mia Drake, Freida Pinto, Anil Kapoor...

Jamal Malik, un jeune homme orphelin qui vivait dans les taudis de Mumbai joue à "Qui veut gagner des millions?" en Inde. Alors qu'il est arrivé à la question finale la police l'arrête et le soupçonne de tricherie, en effet, comment un jeune homme sans étude peut avoir toutes les réponses? En réalité chaque question correspond à un épisode de la vie de Jamal, et il va devoir justifié chaque réponse pour convaincre les policiers.
Le film est donc fait de flash-back incessant de la jeunesse de Jamal à son arrivée sur le plateau de "Qui veut gagner des millions?". On suit Jamal et son frère aîné Salim qui vivent dans les bidonvilles, voient leur mère se faire tuer, rencontre une petite fille: Latika dont Jamal tombe éperdument amoureux, participent à différents trafics pour survivre...
Il s'agit donc d'une construction intéressante: Jamal est dans un commissariat avec deux policiers et ils regardent la vidéo du jeu, à chaque question le policier arrête la vidéo et questionne Jamal, il répond et hop flash-back. On a donc autant d'épisodes de la vie du héros que de questions et on note immédiatement une première aberration: les questions du jeu suivent la vie chronologiquement de Jamal !! Ainsi la première question le ramène à une expérience de ses 4 ans, la seconde quand il avait 7 ans... Cette facilité scénaristique permet au récit d'être cohérent, rapidement compréhensible, et surtout complet: on suit la vie de Jamal tranquillement.
Pour moi ce film est un joyeux mélange d'éléments touchants et d'erreurs grossières:

Les éléments touchants:
Une très belle histoire d'amour, une BO punchie et sympathique (quoiqu'un peu niaise quand il s'agit du thème récurrent de Latika, la femme aimée), de très bons comédiens: Dev Patel et Raj Rutschi sont formidables ainsi que les enfants, tous très bien dirigés. Certains plans très impressionnants de l'Inde, un vrai humour à certain moment et surtout une fin drôle, très habile et qui donne le sourire.

Les erreurs grossières:
Un rythme et des images saccadés qui n'apportent rien de particulier, un côté kitsh-poussif-mélo un peu écoeurant, une concentration presque inutile sur les souffrances endurées par ses enfants des bidonvilles, un scénario pratique.

Bref Slumdog Millionaire est un film bourré de fautes, mais également bourré de bonnes intentions, et ce qu'on ne peut pas lui enlever, c'est qu'il est DÉPAYSANT.

Jane Austen inspire...



Jane Austen est une écrivain anglaise du 19ème siècle (1775-1817) dont la littérature inspire énormément le cinéma, il suffit de voir le nombre d'adaptation de ces deux romans les plus connus: Orgueil et préjugé et Raison et sentiments. Moi, autant le dire tout de suite, je suis une grande rêveuse, une grande romantique, et une grande fan des beaux films (bien filmé hein ?) avec des belles histoires d'amour impossibles puis possibles. Ce n'est pas parce que je suis une fille non non non, (d'ailleurs je suis persuadée que pas mal de garçons adorent ses films aussi) c'est parce que j'aime rêver l'amour, et continuer de le penser idéal et romanesque. Quoi de mieux alors qu'un excellent livre transposé au cinéma? J'ai en effet eu cette chance de découvrir les livres de Jane Austen avant les adaptations.

Il y a trois adaptations de Orgueil et préjugés (Pride and prejudice):
- La version de 2006 de Joe Wright avec la fameuse Keira Knightley (photo)
- La version BBC de 1995 réalisée par Simon Langton avec Colin Firth (photo)
- La version de 1940 de Robert Z. Leonard avec Laurence Olivier

Personnellement j'ai beaucoup aimé les 5 épisodes tourné par Simon Langton pour la BBC, c'est de loin la meilleure adaptation, d'abord parce qu'il respecte tous les éléments de l'histoire: les intrigues et les dialogues. Ensuite parce que les comédiens sont formidables: Colin Firth est un Darcy bien plus convainquant que le très neutre Mathew MacFayden de la version 2006 et la jeune Jennifer Ehle est plus proche du personnage inventé par Jane Austen que Keira Knightley. La version de Joe Wright est de toute façon moins fidèle car il ne peut en 2h rattraper les 5h de la version télé. La version de 1940 est bien, mais manque également de temps pour exploiter toute l'histoire, c'est une version très classique et sans surprise.
On peut noter également l'adaptation indienne Coup de foudre à Bollywood (Bride and prejudice) de Gurinder Chadha en 2004 qui respecte la trame de l'histoire dans un contexte folklorique et amusant, c'est un bon moment, rien d'incroyable. (photo)

Il n'y a qu'une adaptation de Raison et sentiments (Sense and sensibility) réalisée en 1996 par Ang Lee et qui est absolument délicieuse si on aime le genre. Le casting est tout simplement parfait: Hugh Grant, Emma Thompson, Kate Winslet et Alan Rickman transporte le film. Les plans dans la nature anglaise sont magnifiques et les décors également. L'histoire est écourtée mais respectée, le livre comporte ceci dit moins d'intrigues que Orgueil et préjugés. (photo)

Il y a d'autres adaptation de Jane Austen, que je n'ai pas toutes vues hélas !
- Emma l'entremetteuse, de Douglas Mc Grath (1997) avec Gwyneth Paltrow, tiré du livre de Jane Austen Emma. (photo)
- Jane de Julian Jarrold (2006) avec Anne Hathaway, inspiré de la vie de Jane Austen (j'ai trouvé ce film particulièrement mal filmé et mal joué). (photo)
- The Jane Austen book club de Robin Swicord (2007) avec Maria Bello, inspiré des romans de Jane Austen.

Profitez bien de Jane Austen !

De la nouveauté ?


Je constate depuis quelques temps que très rares sont les films qui me procurent une entière satisfaction!

Je suis toujours déçue par quelque chose, frustrée par un élément, bref, insatisfaite. Par exemple j'ai passé un bon moment devant Slumdog Millionaire de Danny Boyle mais je n'ai pas été pleinement contente, le côté saccadé avec des images hachées moyen-moyen. Ce pourrait être un chef d'oeuvre, mais quelque chose dans la mise en scène me gêne. De la même façon j'ai bien aimé Les Noces rebelles de Sam Mendes, mais je ne suis pas sortie bouleversée de la séance en hurlant au génie !! Là aussi il manquait un petit quelque chose.
Alors, est-ce que tout simplement les chef d'œuvres sont rares? Est-ce que les vieux films que nous voyons ont une qualité car ils ont déjà passés la barrière du temps (les navets sont partis dieu sais ou...)? Je m'interroge.

Je me demande souvent si mes goûts cinématographiques ne sont pas un peu "old school"... peut-être suis-je un peu démodée dans mes choix et mes goûts... Pourtant il me semble que j'ai juste de grandes exigences, et que le cinéma traverse une période de creux assez manifeste. Je crois que le cinéma est particulièrement beau quand il se nourrit de ce qui l'entoure: c'est un art collectif et les artistes naissent dans un climat d'inspiration et de respect les uns pour les autres. Quand on pense à l'âge d'or du cinéma italien par exemple: Visconti, Rossellini, Comencini, Scola, Pasolini, Antonioni c'est quand même une période extraordinaire... J'aurai pu citer de la même façon la nouvelle vague ou d'autres courants.

Peut-être sommes nous en manque de courants cinématographiques?
Chacun dans son coin ?

Image
Profession reporter, Michelangelo Antonioni (1975)
Une journée particulière, Ettore Scola (1977)
Stromboli, Roberto Rossellini (1950)
Rocco et ses frères, Luchino Visconti (1960)